En collaboration avec Régis Moigneau et Laurent Mercey
Centres de services partagés, cloud computing, externalisation de l’infrastructure, des développements et de la maintenance applicative, délocalisation des ressources, banalisation de la technologie, internationalisation des entreprises : depuis cinq ans, la Direction des systèmes d’information a vu ses modèles opérationnels et économiques profondément bouleversés.
En parallèle, les technologies digitales sont progressivement arrivées à maturité et ont massivement été déployées ces dix dernières années. La révolution digitale étant derrière nous, l’innovation vient aujourd’hui essentiellement de la combinaison de ces technologies matures avec une meilleure compréhension des usages. C’est la raison pour laquelle nous parlons aujourd’hui de « révolution post-digitale » souvent initiée par les métiers, en particulier par les directions marketing. Aussi, pour maintenir son positionnement, il convient que la DSI revoie son modèle sous forme de co-création de valeur avec des partenaires aussi bien internes qu’externes.
Trouver l’équilibre entre stabilité et agilité
Les projets post-digitaux impliquent une forte réactivité, une capacité à tester rapidement pour valider ou invalider les solutions, un besoin de mixer différentes approches technologiques et de réunir rapidement compétences techniques et connaissances métiers.
Souvent mobilisé sur l’industrialisation de la gestion des systèmes d’information, le DSI n’est pas toujours perçu par les métiers comme le partenaire évident pour développer ces projets post-digitaux.
Or, cette situation peut rapidement conduire à une forme de schizophrénie. C’est donc le moment pour lui de trouver un positionnement entre deux extrêmes insatisfaisants : d’un côté le laisser-faire et le renoncement à tout interventionnisme auprès des métiers et de l’autre, le tout contrôle, avec une logique de sanction qui peut tuer l’innovation et conduire à une perte de compétitivité.
Revendiquer un positionnement novateur : le DSI comme « catalyseur post-digital »
L’innovation technologique n’a pas vocation à être uniquement portée par le DSI et son équipe, car ils ne peuvent pas maîtriser tous les enjeux métiers et être experts de toutes les innovations technologiques. Cependant, au sein de l’entreprise, le DSI est le seul à pouvoir faire dialoguer problématiques technologiques et enjeux métiers. A la manière d’un catalyseur rendant possible une réaction chimique, il a la capacité de déclencher des projets en faisant la synthèse de compétences pluridisciplinaires pour répondre aux attentes du métier, tout en respectant les standards technologiques.
C’est la clé de la réussite des projets post-digitaux et le rôle d’avenir du DSI. Il apportera par ailleurs d’autant plus de valeur qu’il saura aller au-delà du simple déclenchement de cette « transformation post-digitale » en l’accompagnant, c’est-à-dire en la rendant plus facile et plus performante.
Les maîtres mots de cette stratégie partenariale du DSI catalyseur de la transformation post-digitale sont au nombre de quatre :
- Inciter les fonctions métier et support à lancer de nouvelles initiatives digitales, à participer à celles déjà existantes, à s’impliquer dans des communautés de bonnes pratiques, à réagir aux innovations et à interagir à tout moment avec l’équipe SI.
- Soutenir les initiatives « post-digitales » en apportant les différentes compétences techniques et organisationnelles « cœur de métier » d’une DSI : gestion des données, architecture, développement, gestion de projet…
- Accélérer le déploiement des initiatives en diminuant les contraintes de mise en œuvre habituellement applicables aux projets « classiques » (respect des standards, livrables projet…) et en mettant rapidement en place des partenariats avec des acteurs innovants à travers une stratégie de sourcing révisée.
- Valider le respect des caractéristiques minimales permettant de maintenir la cohérence et la sécurité du système d’information dans son ensemble.
(re)Devenir incontournable
Pour se maintenir au centre du terrain de jeu, il est important que le DSI aitune vision globale de l’intégralité des demandes et projets à caractère digital. Il doit pour cela être attractif et facilitateur pour que les métiers le consultent et l’impliquent dans leurs projets. Cela passe notamment par la mise à disposition d’expertises telles que la veille technologique, la gestion des compétences et le sourcing. Elles permettront au DSI d’identifier et de mobiliser au plus vite toute nouvelle compétence utile aux projets.
L’activité de veille est particulièrement intéressante à développer puisqu’elle englobe le suivi, la participation, voire même le financement d’initiatives innovantes, notamment dans la sphère des jeunes entreprises. Compte tenu du volume et de la diversité des sujets à suivre, il est nécessaire de décentraliser cette veille pour en faire la mission du plus grand nombre et d’animer au niveau global la démarche pour capter et intégrer les sujets identifiés.
Avec la « digitalisation » croissante de notre quotidien et l’accélération des innovations, le DSI doit s’attendre à ce que ces enjeux soient de plus en plus prégnants pour les différents métiers de l’entreprise. S’adapter à ce nouvel environnement est incontournable pour rester l’expert des problématiques technologiques et contribuer à rendre plus efficace les projets digitaux innovants. Il convient donc d’allier rigueur, pour gérer et optimiser ses systèmes historiques, et souplesse, pour faciliter les innovations.
Par la conscience qu’il peut avoir de son environnement et de ses enjeux, le DSI peut agir de façon volontaire pour assurer la transition de son organisation et se donner les moyens de perdurer et d’évoluer aux côtés de ses partenaires.
Pour plus d’informations, n’hésitez pas à me contacter.